jeudi 24 janvier 2013

MOONDOG


Moondog (de son vrai nom Louis Thomas Hardin) est un compositeur et musicien américain né à Marysville (Kansas) le 26 mai 1916 et mort à Münster en Allemagne le 8 septembre 1999. 

Biographie 

Le père de Louis Thomas Hardin est un pasteur épiscopalien, sa mère est institutrice et joue de l'orgue. En 1922, alors qu'il est encore enfant, il visite avec son père une réserve indienne Arapaho et assiste à une danse du soleil. C'est une expérience musicale forte, les rythmiques indiennes et la sonorité des percussions resteront présentes dans ses compositions. 

En 1932, un bâton de dynamite lui explose au visage et l'aveugle de manière permanente. Il fréquente alors l'école pour aveugles de l'Iowa où il apprend le violon, le piano et l'orgue. Son professeur, Burnet Tuthill, lui donne aussi des cours de musique et d'harmonie. 

En 1943, il obtient une bourse et part étudier la musique à Memphis. L'année suivante, il se rend à New-York où il passera les trente années suivantes de sa vie. Il fait la connaissance du compositeur et chef d'orchestre Leonard Bernstein et du chef d'orchestre Arturo Toscanini, il fréquente également des musiciens de jazz brillants comme Charlie Parker et Benny Goodman. Il assiste pendant un temps aux répétitions de l'Orchestre Philharmonique de New York, mais son style vestimentaire extravagant le coupe peu à peu du monde de la musique "sérieuse". À l'époque, sa barbe et ses longs cheveux sont la cause d'un rapprochement avec le Christ qui ne lui convient pas. Il décide de ne plus porter que des vêtements qu'il fabrique lui-même, notamment une cape et un casque de viking inspiré par le dieu nordique Thor. 

Il commence à composer et décide, en 1947, de se faire appeler « Moondog ». 

À l'automne 1949, il commence à jouer dans la rue, le succès est tel que la foule encombre la rue, l'obligeant à se déplacer. Il finit par s'installer dans le quartier des clubs de jazz sur la 6e avenue. 

C'est à cette époque que ses vêtements atypiques et sa présence à cet endroit lui vaudront le surnom de "Viking de la 6e avenue". Les ambiances de la ville seront intégrées aux morceaux du disque On The Streets of New York (1953) avec des compositions de cette période. 

En 1974, il est invité à donner un concert à Francfort et découvre l'Allemagne. Il se sent alors plus proche intellectuellement de l'Europe que des États-Unis et décide de s'installer en Allemagne. Une étudiante en géologie, Ilona Goebel, fait sa connaissance dans les rues de Recklinghausen, une petite ville de la région de Cologne. Intriguée elle apprend rapidement qu'il est compositeur et décide de l'héberger chez ses parents à Oer-Erkenschwick puis à Münster en Westphalie. C'est là que Moondog passera le reste de sa vie. 

Sensible aux questions de l'écologie, Moondog enregistre en 1992 l'album Elpmas, manifeste contre les mauvais traitements infligés au peuple aborigène, à la nature et aux animaux, ainsi qu'une mise en garde sur les risques liés au progrès de façon générale. Elpmas est un album aux sonorités sylvestres, plus proches de la forêt amazonienne que de celle de Brocéliande, les pistes d'Elpmas étant autant de sentiers à suivre en compagnie du doux son du marimba. 

Le talent de ce musicien atypique et marginal fut reconnu tardivement. Un de ses titres connaîtra une célébrité posthume, Bird's lament, un hommage au musicien de jazz Charlie Parker surnommé "Bird", devenu l'échantillon sonore ("sample") du célèbre Get a move on du DJ anglais Mr Scruff

Style de composition...



L'œuvre de Moondog en fait l'un des grands maîtres du contrepoint au XXe siècle, ce qui a priori pourrait sembler incongru, le contrepoint, le canon et la fugue étant réputés être des procédés d'écriture historiques, voire archaïques. 

Au début de sa carrière, Moondog était un musicien de jazz un peu farfelu qui a tenté d'ajouter quelqu'influences amérindiennes aux rythmes afro-américains qui sont le corps traditionnel du jazz. Mais il a peu à peu, selon ses propres dires, voulu réemployer les techniques d'écriture classiques : le contrepoint, l'harmonie et la sévérité des règles traditionnelles. Il s'est ingénié à les respecter plus scrupuleusement même que les grands classiques. Techniquement, Moondog est ainsi plus proche de Palestrina et de Monteverdi que de Bach. Cette volonté pour un compositeur de jazz d'assimiler le savoir-faire classique le rapproche à certains égard de Scott Joplin, dont la technique, bien qu'il appartînt au style "Ragtime", était influencée par l'enseignement allemand traditionnel de la musique et le traité de contrepoint de Salomon Jadassohn. 

Moondog a combiné les rythmes du jazz et des procédés extrêmement contraignants comme le canon et le contrepoint renversable à deux, trois, quatre ou cinq voix. Il emploie aussi, assez fréquemment, des mesures à 7/8, 5/4 et autres rythmes impairs. Ses compositions ne laissent aucune place à l'improvisation, chaque partie étant écrite avec précision. 

Certaines de ses compositions, comme par exemple Do Your Thing (H´art Songs, 1978 ; édition CD Kopf / Roof Music), peuvent sembler simples et répétitives à la première écoute, avant que ne se révèle une richesse rythmique et contrapuntique étonnante et une imagination mélodique inépuisable. En dépit de son amitié avec Steve Reich et Phil Glass, sa musique n'a que peu de rapport avec le courant de la musique répétitive, dont il nie faire partie. Il a écrit d'innombrables pièces pour orchestre, en général écrites en « parties réelles » (c'est-à-dire qu'il n'y a presque pas de doublure ni d'unisson, chaque pupitre étant une partie contrapuntique). Il affectionne particulièrement les saxophones, le morceau Lament (Moondog, LP Columbia Masterworks MS 7335, 1969) en étant un exemple poignant. 

Enfin son œuvre est considérable en quantité, la discographie à ce jour n'en donnant qu'un mince aperçu. On lui attribue 300 œuvres vocales et instrumentales (qu'il appelait "madrigaux", "passacailles", "canons", etc.) et plus de 80 "symphonies", c'est-à-dire des œuvres pour orchestres.

Moondog

DISCOGRAPHIE

1953 : Moondog and his Friends
1956 : Crescent Snaketime Series
1956 : Snaketime
1956 : Moondog/Caribea
1956 : More Moondog
1957 : The Story of Moondog
1969 : Moondog
1971 : Moondog 2
1977 : Moondog in Europe
1978 : Moondog – Selected Works
1978 : H’Art Songs
1979 : A New Sound of an Old Instrument
1981 : Facets
1986 : Bracelli
1992 : Elpmas
1994 : Sax Pax for a Sax
1995 : Big Band
2004 : Moondog, the German Years : 1977-1999


ÉCHANTILLONS SONORES
cliquez sur les images des pochettes pour accéder aux échantillons sonores

"Fog On The Hudson" (425 West 57th Street) (1953) 

"Single Foot" (1955) 

"Moondog" (1969)* 
(album complet) 

"Mirage"  (1979)

"Marimba Mondo 1" (The Rain Forest) 
(tiré de l’album « Elpmas » - 1992) 

(* Chef-d’œuvre)
Nous reparlerons très certainement de Moondog... 
Spectres Sonores prévoit lui faire hommage en lui consacrant une place de choix
Un musicien de génie, trop peu connu !!!

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