vendredi 15 février 2013

HEAD MACHINE


Head Machine n’a guère marqué les esprits dans le monde du rock, et pour cause… Ce groupe n’était pas destiné à exister sur le long terme, et encore moins à donner des concerts. Récapitulons donc...

En 1968, le groupe The Gods signe enfin un contrat avec Columbia Records, et publie deux albums dans la foulée. Cependant, le groupe ne tarde pas à se désagréger dans la furie des sixties agonisantes. La musique bougeait alors à un rythme particulièrement élevé. Alors que les choses n’étaient pas encore très claires, le groupe commença à enregistrer un nouvel album...

Cependant, il apparut rapidement que le disque ne serait pas un véritable album des the Gods, étant donné que le personnel changeait sans cesse.

Le producteur David Paramor suggéra donc aux musiciens présents de sortir les chansons sous un nom d’emprunt, et s’attribua du coup le poste de chanteur.

Donc, sur cet album mythique, difficile de savoir qui joue quoi, d’autant plus que tous les musiciens présents ont choisi des pseudonymes...

Les sept chansons enregistrées durant ces sessions paraissent quelques mois plus tard : ce groupe ad hoc s’est donné le nom de « Head Machine », et son seul et unique album sera publié sous le titre d’ « Orgasm ». 


Par la suite, les protagonistes retournent à leurs occupations respectives et les the Gods prendront fin peu de temps après. Ce qui donne à deux des membres du Head Macine (Kerslake et Hensley), l’opportunité d’aller rejoindre un nouveau groupe, qui devient Uriah Heep…

La simple lecture des titres permet de réaliser l’étendue du chemin parcouru : "Climax", "You Must Come With Me", "The First Time" et bien sûr "Orgasm" : les chansons annoncent clairement les thématiques abordées. Cela ne présage bien sûr en rien le contenu de l’album, et celui-ci est bien plus intéressant que les conditions de sa création auraient pu le laisser penser...

Head Machine se range dans la catégorie hard rock, un hard à la maturité très affirmée malgré la date de parution du disque, un hard qui n’a déjà plus grand-chose à voir avec le psychédélisme, et qui ne cite le blues que par politesse...

L’incipit en est le plus bel exemple : un mélange de hard-rock, de boogie et de funk progressif de très bon aloi, nanti d’une ligne de basse vrombissante.

"You Must Come With Me" ressemble à ce que faisaient Jeff Beck ou The Move à la même époque, un hard rock lent et saccadé, avec une emphase particulière sur les basses fréquences...

L’album est entièrement électrique, à une époque où tous les pionniers du heavy metal prenaient soin quand même d’incorporer quelques plages acoustiques. Ici, les deux ballades de l’album, "The Girl Who Loved" et "Make the Feeling Last" sont peut-être les morceaux les plus faibles de l’album, même s’il s’en dégage une atmosphère curieuse, presque onirique... L’ambiance qui se dégage de la musique de Head Machine est unique et enveloppée de mystère...

Par contraste, les meilleurs titres du projet sont ceux les plus lourds et affirmés. Les riffs n’ont rien d’original, mais sont menés avec un groove remarquable, magique... tandis que les mélodies ne sont pas en reste.

Ce heavy rock riche en claviers, avec une guitare simpliste et une basse proéminente préfigure ce qui sera les grandes heures d’Uriah Heep avec autant sinon plus de bonheur.

Head Machine montre déjà des penchants qui ne tarderont pas à devenir les clichés de tout un genre. On pourrait même dire qu’il marque l’une des dates de naissance officieuses du hard rock, le blues y étant rétrogradé de prétexte au rang de simple influence.

Avec le recul, l’auditeur se dit que Head Machine aurait pu être bien plus qu’une impasse... En avance sur son temps, en avance sur un style, et sur une manière de penser la musique... Orgasm aurait sans doute mérité une destinée plus formidable. Enfin, qu’importe... Le hard rock est décidément plein de paradoxes. Et, contrairement à d’autres groupes aussi obscurs, Head Machine n’est toujours pas reconnu à sa juste valeur. Ceci doit changer.

ÉCHANTILLON SONORE
cliquez sur l'image de la pochette pour accéder à l'échantillon sonore  (enjoy!)

"ORGASM"  (1968)
(album complet)

Article rédigé à partir d’un texte de Ulyssangus
Source : http://www.destination-rock.com

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire